Menu
Libération
Éditorial

Révolution culturelle

Article réservé aux abonnés
publié le 13 mai 2003 à 22h59

Le 13 mai 2003 entrera-t-il dans l'histoire au côté des illustres millésimes 1958 et 1968 du siècle passé ? A l'aube d'une journée dans laquelle certains croient humer un parfum de grève générale, il serait hasardeux de préjuger du verdict de la postérité. Que Jean-Pierre Raffarin joue ce 13 mai sa place dans l'histoire, en revanche, est avéré. Même si «ce n'est pas la rue qui gouverne», son devenir de Premier ministre est suspendu à celui de sa réforme des retraites. Si la mobilisation est moindre qu'annoncée, il sera bien parti pour réussir là où Juppé avait échoué, là où Jospin n'avait pas eu l'audace de s'aventurer. Il sera fêté comme tel par les siens. Qu'elle soit d'une très large ampleur, au contraire, et il lui sera difficile de se contenter de quelques corrections à la marge. Il sera probablement acquis que raffarinisme et chiraquisme n'ont plus partie liée jusqu'à 2007 puisqu'il faudra bien alors que le chef de l'Etat essaie, en un ultime sursaut, d'échapper à la malédiction du président sans bilan.

Bizarrement, quelques-uns, proches de la majorité, commencent déjà à instruire le procès d'une méthode. Celle qui a vu le gouvernement attendre un an avant d'engager une réforme d'envergure. Nicolas Sarkozy, qui plaidait pour que l'état de grâce serve à faire passer dans les premières semaines les mesures impopulaires, est d'autant plus écouté aujourd'hui que le ciel s'est obscurci et avec lui les perspectives de croissance sans lesquelles tout est beaucoup plus dur. Raf