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«Après 55 ans, les employeurs fuient»

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La réforme mise sur un allongement de l'activité. Pourtant, les seniors sont poussés à la retraite. Enquête auprès des salariés, DRH et patrons.
publié le 14 mai 2003 à 22h59

C'est presque sûr : avant de pouvoir toucher sa retraite en 2020, il faudra avoir travaillé pendant 42 ans. Seulement voilà, en France, les carrières professionnelles s'arrêtent bien plus souvent à 55 ans qu'à 60, avec une entrée dans la vie active entre 25 et 27 ans. Le taux d'activité des plus de 55 ans en France est l'un des plus bas d'Europe : seuls 34 % des hom mes travaillent encore à cet âge-là. Réussir à faire augmenter ce taux, c'est une des conditions de succès de la réforme des retraites mise en route par François Fillon, qui compte sur une négociation entre syndicats et patrons. Mais on ne met pas les «vieux» au travail sur ordonnance : «Les DRH se fichent de ce problème, explique un consultant en entreprise. Aujourd'hui, pour leurs recrutements, ils pratiquent une économie de cueillette. Il leur suffit de se baisser pour trouver les candidats formés et jeunes qu'ils recherchent. Alors, recruter des vieux...» Car le salarié de plus de 50 ans traîne une mauvaise réputation : peu productif, peu adaptable.

«Grognons et peu motivés»

«Pour les entreprises, un senior c'est forcément quelqu'un de grognon et de peu motivé, Or, quand on réalise des enquêtes auprès de ces salariés, on se rend compte que ce n'est pas toujours vrai», explique Nicole Raoult, consultante et responsable pour la France du projet européen Equallité qui vise à lutter contre les discriminations dans les entreprises. Lors d'une enquête menée à la Sécurité sociale, la consultante a ainsi montré que les