Menu
Libération
Éditorial

Gifles

Article réservé aux abonnés
publié le 14 mai 2003 à 22h59

Ce n'est pas la rue qui gouverne, mais c'est elle qui donne des gifles aux gouvernements. Depuis, hier, celui de Jean-Pierre Raffarin a les joues rouges. Face à lui s'est dressée une mobilisation numériquement à l'identique d'un certain décembre 1995. Ce qui conduit l'élu poitevin, un an après sa nomination, à se retrouver là où il ne voulait pas être : pas loin de connaître les mésaventures de son prédécesseur Juppé sur les retraites. Le chemin suivi avait pourtant été à l'opposé et revendiqué comme tel : plutôt que d'y aller au merlin et à la morgue, droit dans ses bottes, le Premier ministre voulait donner du temps au temps et persuader tout en rondeur. Il a communiqué, mais pas convaincu les grévistes. Et pas davantage ses amis qui le pressaient de faire les réformes sitôt nommé et pas un an après. La méthode Raffarin a du plomb dans l'aile. Pour qu'elle survive, la réforme Fillon doit être votée par la représentation nationale disciplinée. Le gouvernement veut y croire qui, à la différence de Juppé, a la chance de subir les manifs avant le passage de son projet de loi en Conseil des ministres. Cela lui laisse l'espoir qu'à l'issue d'ultimes négociations et à l'approche des vacances estivales, tout rentrera dans l'ordre. Mais même si CFDT et CFTC, au prix de concessions attendues, se rallient au texte, il n'est pas sûr que cela suffise à éteindre le feu sous la marmite. En 1995 déjà, les deux avaient applaudi le plan Juppé, on sait ce qu'il en est advenu. L'ampleur de la