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Repères

Une espérance de vie inégale

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publié le 14 mai 2003 à 22h59

Les guides de haute montagne les repèrent au premier coup d'oeil : des groupes de plus en plus nombreux de jeunes, voire très jeunes retraités de la fonction publique, amateurs de randonnée sillonnent les Alpes et les Pyrénées. Ces retraités qui font marcher l'industrie du tourisme profitent de l'inégalité majeure du système de retraite : la durée de vie après 60 ans. Elle est évidemment très variable selon qu'on a été ouvrier ou contrôleur de gestion. En moyenne, en 2002, un homme, cadre de la fonction publique ou du privé, peut espérer profiter de sa retraite pendant 23 ans et demi, une femme pendant 27 ans. Ainsi, selon les chiffres du Conseil d'orientation des retraites (COR), les moins bien lotis sont les ouvriers agricoles. Qui, en moyenne, en partant en retraite à 60 ans, peuvent espérer se reposer pendant 15,5 années. Chez les femmes, les ouvrières ont une espérance de vie de 23 ans. Cette mortalité «différentielle» selon les catégories est bien connue : le risque de décéder entre 35 et 65 ans chez les ouvriers est le double de celui des cadres et des professions libérales. 18,5 % des ouvriers et 7,6 % des ouvrières meurent entre 65 et 70 ans, contre 8,2 % pour les hommes et 2,3 % pour les femmes parmi les cols blancs. Par ailleurs, les ouvriers, hommes ou femmes sont plus souvent victimes de cancers que les cadres supérieurs. Résultat, les 15 années passées à la retraite le sont bien souvent au prix de la maladie et de l'incapacité. «Il y a un cumul des inégalités d