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Libération
Éditorial

Confiance zéro

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publié le 15 mai 2003 à 23h00

Comme dans un almanach célèbre, chaque journée de Jean-Pierre Raffarin est placée sous le signe d'une maxime forte. Après «ce n'est pas la rue qui gouverne», voici donc «ferme mais pas fermé». Une formule de circonstance alors que les portes du ministère du Travail allaient s'ouvrir hier soir pour une négociation (le mot ne fait plus peur) qui promettait d'être longue avec des syndicats remontés par le succès de leur mouvement. Mais, en ayant l'air de ne rien vouloir céder sur l'essentiel tout en concédant sur l'accessoire, le Premier ministre préjuge un peu vite de la solidité de son architecture. Certes, l'éventail des mesures proposées n'est une surprise pour personne, notamment pour les socialistes, qui en avaient déjà esquissé les perspectives alors qu'ils étaient au pouvoir. Sans doute n'existe-t-il pas à proprement parler d'«alternative» à un tel projet, sauf dans une version ultraconservatrice ou ultralibérale. Mais si l'on ne peut guère sortir du triple levier cotisations-durée du travail-montant des pensions, on peut en moduler les équilibres. Et c'est là où la politique reprend ses droits. Si le projet gouvernemental fait l'objet d'un rejet global tout en suscitant des adhésions partielles (l'alignement public-privé), c'est qu'il s'inscrit dans une politique d'ensemble dont les choix n'apparaissent pas comme particulièrement favorables aux «gens d'en bas», qu'ils soient fonctionnaires ou non. C'est la confiance zéro. Prisonnier d'une politique fiscale dont les pre