Ce n'est pas la rue qui gouverne mais c'est elle qui pousse les gouvernements à changer de ton. On l'a mesuré, hier, avec Raffarin qui, limite Juppé droit dans ses bottes la semaine dernière, s'est soudain voulu réceptif aux «inquiétudes des Français». Cela laissait percer sa propre inquiétude de voir perdurer, à l'issue d'une nuit de négociations, un front syndical que le gouvernement avait prévu de longue date de fissurer. Exit le ferme Fillon au petit matin, Raffarin, pas fermé, a repris le dossier en main. Et obtenu, le soir, ce que l'aube n'avait pas offert : une division syndicale. Le gouvernement est «content». Il recouvre l'espoir d'un dénouement à son avantage sans avoir rien cédé qui menace sa capacité à poursuivre les réformes. Soulagement alors que le gros million de personnes dans la rue du 13 mai commençait à lui gâcher la vie. Et menaçait celle d'un Jacques Chirac dont le silence est remarquable depuis sa campagne d'Irak. Concéder juste ce qu'il faut pour remettre de l'huile dans le dialogue social et tenir comme ça jusqu'aux vacances d'été, grand éteignoir de contestation sur la plage abandonnée, le scénario est un peu à l'eau de rose mais le gouvernement n'en a pas d'autre.
Il sait pourtant que les ralliements cédétistes n'ont pas toujours été des gages de succès. Rien ne garantit que l'appui de Chérèque à Raffarin sera plus efficace que celui de Nicole Notat à Juppé en 1995 tant la pertinence du projet gouvernemental pâtit de ses insuffisances. Ce sont les p