Washington de notre correspondant
Les diplomates français qui suggéraient, en janvier dernier, que le coup de froid franco-américain serait «comme d'habitude passager» doivent aujourd'hui déchanter. Trois mois après le «traquenard français contre Colin Powell» (1), plus d'un mois après la victoire à Bagdad, les dirigeants américains continuent de faire passer la France pour une nation déloyale, au pire pour une alliée secrète de l'Axe du mal.
Trou profond. L'ambassadeur Jean-David Levitte, homme habile et plutôt bien perçu à Washington, passe son temps à insister sur l'entente entre les deux pays, qui a été, dit-il, parfaite sur «tous les dossiers, sauf un, l'Irak». Selon lui, si les relations franco-américaines sont au fond du trou, «ce n'est pas la peine de creuser». Mais Washington semble ne pas craindre la profondeur du trou. Député de Paris, Pierre Lellouche, de passage cette semaine à Washington, a rencontré plusieurs officiels, dont Condoleezza Rice (conseillère à la sécurité nationale de Bush) et, en tête-à-tête, Paul Wolfowitz (numéro deux du Pentagone). Le résumé de ses rencontres : «Je n'ai jamais vu une telle dureté contre la France depuis que je m'occupe d'affaires internationales.»
Lundi, un colloque sur «les Etats-Unis et la France après la guerre en Irak», organisé à la Brookings Institution (centre d'études plutôt démocrate, mais plutôt proguerre), a donné la mesure de la crise entre les deux pays. A la différence des précédentes crises, ont noté plusieurs orat