L'ex-maire de la quatrième ville de France, désormais président du CSA, s'invitant au 20 heures de TF1, pour, sueur au visage, dénoncer la calomnie avant même que celle-ci soit rendue publique et crier au complot. Plusieurs magistrats de la même ville, dont le procureur général lui-même, défendant dans les journaux leur honneur avant même qu'il soit sali. Le nom de tous ces notables est cité de manière réitérée par deux anciennes prostituées à propos d'une procédure concernant des faits de proxénétisme, de viols sur mineurs et même d'«actes de barbarie», et ayant partie liée avec un tueur en série aujourd'hui emprisonné, qui a choisi de ne rien dire «pour l'instant». On avait entendu dire que l'affaire Patrice Alègre pouvait être une bombe à retardement. Le scénario en cours, qui presque chaque jour apporte son lot, aurait été retoqué par nombre d'éditeurs de polars, tant il semble énorme, fou, invraisemblable. Ce n'est pourtant que l'énième épisode d'une des affaires criminelles les plus spectaculaires de ces dernières années, qui a accumulé enquêtes bâclées et dossiers classés sans suite, avant que la ténacité de quelques gendarmes commence à faire la lumière. C'est cela qui rend l'affaire de Toulouse si diabolique, et quelle que soit son issue : les personnes mises en cause n'ont même pas été entendues que, du fait de ces zones d'ombre inquiétantes, elles se précipitent pour se disculper. C'est l'ère du soupçon et de la rumeur. D'autant que certains démentis ajoutent au t
Éditorial
L'ère du soupçon
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publié le 28 mai 2003 à 23h11
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