Le voilà en première ligne. En présentant lui-même les conclusions du comité interministériel sur l'Education, Jean-Pierre Raffarin s'est placé dans le viseur des syndicats. Et prend le risque, si le bras de fer tourne en faveur des opposants à sa politique, d'être personnellement atteint par la crise. Son bail à Matignon serait alors compromis.
Ce n'est pas par plaisir que le chef du gouvernement se met ainsi en avant. Il n'a pas le choix. La semaine dernière, il avait refusé d'annuler son voyage au Canada en affirmant que ses ministres étaient là pour gérer les conflits. «Tout n'a pas vocation à remonter au Premier ministre», expliquait alors son entourage. Deux facteurs l'ont poussé à sortir du bois : la persistance de la grogne et la faiblesse de son équipe.
«Changer de discours.» Raffarin, qui avait tout d'abord sous-estimé la colère enseignante, a tardivement réalisé qu'il se retrouvait face à une profession «déboussolée», à laquelle il fallait «redonner confiance». Il ne peut guère compter sur ses ministres pour cela. Luc Ferry semble avoir perdu toute crédibilité auprès des profs. Et sa rivalité avec Xavier Darcos, son ministre délégué, n'a fait qu'affaiblir leur tandem. «Les syndicats profitent de leurs divisions et de leurs cafouillages pour les déstabiliser, commente un proche de Raffarin. Dès lors qu'ils n'étaient plus écoutés, il fallait passer à autre chose, changer de discours et d'interlocuteur.»
En montant au créneau, le locataire de Matignon pense pouvoir gagn