Marseille
de notre correspondant
Ça devient sportif de manifester à Marseille : les organisateurs se mettent à rallonger le parcours, histoire de démontrer qu'ils ramènent toujours plus de monde. «On a rempli plusieurs fois le parcours de Vieux-Port à la place Castellane, alors là, on a rajouté trois kilomètres, pour voir si on pouvait aussi les remplir», expliquait hier un délégué CGT. Et son sourire large comme une banane, sur les coups de midi, donnait la réponse : la mobilisation n'a pas molli, elle a même gagné en ampleur.
Pour le défilé d'hier, les organisateurs, après maints conciliabules, ont annoncé 230 000 manifestants, soit un peu plus que les 200 000 du 13 mai, qui tenait déjà lieu de record depuis 1995. Les policiers, eux, ont arrêté hier leurs compteurs à 50 000, ce qui fait quand même 5 000 de plus que deux semaines auparavant.
Donc, le mouvement est populaire, dans tous les sens du terme. C'est le peuple de Marseille, et de la région, qui s'use les godasses sur le pavé de ce drôle de mai 2003. Si la ville est en pointe, cela s'explique : il y a d'abord la traditionnelle culture revendicatrice de Marseille, son goût pour l'épreuve de force. Ensuite, la proportion d'agents du public dans l'économie locale s'avère bien supérieure aux autres grandes villes françaises.
«Arrêtons d'obéir». Mais le mouvement déborde du simple secteur public. Même si elles restent marginales, on aperçoit de plus en plus de pancartes du privé. Et les étudiants montrent le bout de leur nez.