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Libération

Parents et profs, sur la grève réconciliés

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Elans de solidarité après une réunion catharsis dans une école parisienne.
publié le 28 mai 2003 à 23h10

Au départ, il y a deux camps. Hostiles. Le front de l'angoisse contre celui du soutien total au mouvement des enseignants. Ce lundi soir, ils sont assis sur les mêmes bancs inconfortables du préau d'un groupe scolaire de l'Est parisien. Les écoles sont classées en ZEP, et depuis le début de la grève, raconte la concierge d'une HLM voisine, «c'est dimanche tous les jours, les petits Africains sont dans la rue, même des gosses de 4 ans». L'objet du rendez-vous, fixé par les associations de parents d'élèves, est assez flou : «Les raisons de la grève et l'organisation pour la suite.»

Près de 80 parents sont là. Dans le premier camp, on est «au-delà des problèmes de garde». Ils revendiquent «le droit à l'instruction» contre le droit de grève, ils veulent des polycopiés pour faire travailler les enfants et des réponses concrètes : les CP vont-ils tous redoubler ? «Le mien ne sait toujours pas lire, et vous l'abandonnez.» «En CM1, la maîtresse est malade depuis le mois de février, et maintenant la grève, ils perdent leur avenir.»

«Curseur des luttes». Les autres, militants chevronnés de l'école publique ou des luttes sociales, parlent bien, longuement ­ «les enseignants défendent les intérêts de nos enfants, pour fabriquer une école et une société dont on sera fiers» ­, avec des mots parfois compliqués comme «le curseur des luttes». La maman de l'enfant qui ne sait toujours pas lire a le courage d'intervenir : «L'an dernier, ils ont fait grève trois semaines parce qu'ils ne voulaient