Au bout de onze ans d'omerta sur ses quinze mois de trottoir à Toulouse, l'ex-prostituée Patricia a enlaidi son visage avec une opération de chirurgie esthétique pour échapper au criminel en série Patrice Alègre et au mac à l'Alfa Romeo rouge Lakhdar M. Elle a fini par livrer aux gendarmes des clés sur la collusion entre ces dealers proxénètes, des policiers corrompus et des notables fournis en cocaïne et en filles pour des séances sadomasos qui, parfois, ont «mal tourné». Aujourd'hui mère de trois enfants et ouvrière, Patricia, 32 ans, a mis trois ans à se décider à «tout raconter aux gendarmes», y compris les actes de magistrats et de personnalités qui font scandale. Jeudi dernier, elle a «tout répété», dans les pleurs et la douleur, à la juge Bergougnan chargée du nouveau dossier «contre Patrice Alègre et tous autres» pour «proxénétisme en bande organisée, viols aggravés par personnes dépositaires de l'autorité, actes de tortures et de barbarie». Le lendemain, en Midi-Pyrénées, avec son avocate Me Florence Hégoburu, Patricia, qui a repris son «nom de guerre» pour masquer le sien, nous a retracé son itinéraire de tapineuse entre l'automne 1990 et le 4 janvier 1992, dans les hôtels de passe entre la gare Matabiau et la rue Bayard à Toulouse.
«Je me suis retrouvée face à Patrice Alègre et à une personnalité»
Fille mère en galère, sans métier ni diplôme, «lâchée» par ses parents, Patricia quitte sa ville du Sud-Ouest en septembre 1990 pour aller à Toulouse avec Charles, son com