Annemasse envoyé spécial
Le refrain a résonné une partie de l'après-midi sur fond de samba, hier dans le centre-ville d'Annemasse. «On est des méchants, on mange les enfants.» Un homme presque nu, sous une peau de bête, jouait pour les badauds un militant altermondialiste fantasmé, en tête du cortège de quelques milliers de manifestants qui ont traversé la ville pour marquer le début du contre-sommet du G8. Et tenter de rassurer Annemasse. Depuis quelques jours, un flot continu de militants débarque dans la ville (4 000 à 5 000 dormaient déjà, hier, dans les «villages alternatifs»). En train, car, voiture ou en stop, ils arrivent et découvrent une ville quasi morte.
Calfeutrés. Cela fait plusieurs semaines que la psychose se développe à Annemasse. Quelques articles alarmistes ont semé le doute («Tous ceux qui périront sur les barricades ne pourront, à notre sens, s'en prendre qu'à eux-mêmes», écrivait un hebdomadaire local, voilà un mois). Le bouche à oreille a fait le reste. Ces derniers jours, impossible de trouver un menuisier dans toute la région : ils sont occupés à poser de grands panneaux de bois sur les vitrines. Les commerçants se calfeutrent. Un marchand de journaux a même loué un camion, pour vider son magasin. Hier soir, plus de la moitié des boutiques avaient déjà recouvert leurs devantures. Certaines avec des barrières métalliques soudées.
«On a appelé notre assureur, raconte une pompiste. Il nous a dit qu'il fallait se protéger et lui envoyer une photo de l'insta