Le G8 d'Evian avait été conçu comme le couronnement de Jacques Chirac en «roi de (l'autre) monde», à défaut de pouvoir contester à George W. Bush le titre de «roi du monde». Un autre monde multipolaire d'où l'invitation aux dirigeants de pays émergents , solidaire des pays pauvres (l'Afrique en particulier) et préoccupé par les défis de la mondialisation, du trafic de drogues au réchauffement climatique en passant par la lutte contre les pandémies. Pour assurer son succès, Chirac avait cultivé son jardin altermondialiste. D'abord pour désamorcer le risque de violence qui hante le G8 depuis Gênes. Ensuite pour sculpter sa statue d'homme d'Etat pour la postérité. Enfin pour mettre la France au coeur d'un monde globalisé et multipolaire, dans lequel les Etats-Unis font souvent figure d'Etat voyou.
Ce programme ambitieux est mal parti. C'est qu'il repose dans une large mesure sur un tour d'illusionniste. Que Chirac soit sincère ou cynique, le gouvernement Raffarin ne se distingue ni dans la protection de l'environnement, ni dans la générosité de l'aide aux pays pauvres, ni dans la remise en cause des subventions agricoles, ni dans l'ouverture des marchés aux produits du Sud. Les altermondialistes ont pu s'apercevoir qu'il y a souvent loin des belles paroles de Chirac à l'inaction de Raffarin. A leur ingratitude s'ajoute la mesquinerie de grévistes qui menacent de paralyser le pays le jour même où le Président sera sous les feux de la rampe mondiale.
Sans compter le très peu mag