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Libération

Entre rage et lassitude, paroles de profs

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par Michel Henry, Olivier Bertrand, Marie-Joëlle Gros, Lylia BENAMMOUR et Jeanne ROUJON
publié le 4 juin 2003 à 23h15

Ce n'est plus de la colère mais de la rage. A Paris, Lyon ou Marseille, d'un bout à l'autre des cortèges largement composés hier d'enseignants et de tous les personnels en grève de l'Education nationale, c'était hier la même indignation : «Le gouvernement se moque de nous. Le report des réformes, c'est de la poudre aux yeux.» Ou encore «un piège pour nous diviser». Et même «une opération de dissuasion du couple Sarko-Ferry absolument grotesque».

De quoi renforcer encore la détermination : «On tient depuis un mois. On a sacrifié nos salaires, on ne va pas s'arrêter là. On ira jusqu'au bout, jusqu'au retrait de toutes les réformes Ferry-Fillon», assène Lola, prof d'arts appliqués dans un lycée professionnel du XIIe arrondissement de Paris. Même fermeté du côté du collège Michelet de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), en grève depuis huit semaines . «On veut nous faire rentrer dans le rang. Le problème n'est pas de négocier : la décentralisation, on n'en veut pas, tranche Luigi, professeur de maths. Et qu'on ne vienne pas nous bassiner avec le malaise des enseignants. Le mouvement a commencé là où sont les problèmes sociaux : en Seine-Saint-Denis, à la Réunion, à Marseille. Si on travaille dans ces endroits, c'est qu'on a la foi. Ce qu'on ne veut pas, c'est qu'on casse l'école.» Un enseignant brandit le livre de Luc Ferry, Lettre à ceux qui aiment l'école, transpercé par la pointe d'un javelot.

Torturés. Laurence, enseignante dans un lycée de l'Essonne, porte autour du cou une copie