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Libération

Tout en défiance face au pouvoir

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Les manifestants se radicalisent contre la réforme des retraites. Le gouvernement croit à un repli.
publié le 4 juin 2003 à 23h15

A Marseille, ça devient grotesque. Hier matin, les policiers ont dénombré 25 000 manifestants, et les organisateurs 240 000. Certes, le travail des compteurs était compliqué parce que le cortège s'était séparé en deux bran ches qui ne se rejoignaient qu'à l'arrivée. Mais une fourchette de un à dix, on n'avait jamais vu ça. Et dans les villes de France qui manifestaient hier contre le projet gouvernemental des retraites, les chiffres faisaient aussi la java. A Perpignan, la police recensait 15 000 marcheurs contre 80 000 pour les syndicats, à Grenoble 13 500 contre 80 000, à Clermont-Ferrand 9 000 contre 50 000 ou à Paris 45 000 contre 250 000. Bref, il fallait vraiment avoir choisi de battre le pavé à Epernay pour être sûr de bien marcher sur deux pieds (et pas un) : là, pour tout le monde, ils étaient 600. Seul Morteau, dans le Doubs, avec 1 200 marcheurs pour les uns contre les 2 000 pour les autres, présentait l'écart classique dont les Français ont l'habitude les soirs de manifs. Cependant, Morteau n'était pas seulement une exception arithmétique. Il s'y déroulait l'unique manifestation de France défilant contre toutes les autres manifestations qualifiée de «prise d'otage», à l'appel d'un restaurateur local.

Seule explication à ce délire des calculettes qui donnait pour la France entière 455 000 protestataires contre 1,5 million : l'enjeu. Affirmant s'appuyer «sur les chiffres», l'entourage du Premier ministre assurait ainsi en fin de journée «constater un mouvement de re