Le bout du tunnel, enfin ? Après 32 mois de tueries et de destructions, les attentes étaient tellement faibles que le sommet d'Aqaba peut apparaître, de manière quelque peu exagérée, comme le début d'un processus de paix là où il ne trace, pour l'instant, que les préconditions d'un retour au calme. On est loin des pourparlers de Taba qui, en janvier 2001, avaient réglé dans le détail la plupart des noeuds gordiens du conflit : selon les minutes des négociations, Israéliens et Palestiniens avaient confronté des cartes précises en vue d'échanges de territoires. On était loin, hier, d'un tel deal. Si jamais un accord émerge du processus enclenché à Aqaba, il sera probablement beaucoup moins généreux pour les Palestiniens.
«Bantoustans». Pourtant, il s'est dit des choses historiques hier à Aqaba et il serait tout aussi erroné d'en minimiser l'importance. Sharon, qui n'a pas répété le mot «occupation» qui avait suscité tant de remous en Israël, a mentionné à plusieurs reprises un futur «Etat palestinien». Surtout, il a reconnu «l'importance de la contiguïté territoriale en Cisjordanie pour un Etat palestinien viable». Les Palestiniens pourront se prévaloir de cette phrase pour ne pas se laisser enfermer dans un patchwork de «bantoustans» tel que le dessinent les no man's land sécuritaires, les routes de contournement et les colonies de peuplement. Reste à définir ce qu'entend Sharon par «contiguïté» (le mot n'est pas choisi au hasard): s'agit-il de tunnels et de voies suspendues,