Il faut rendre à Bush ce qui lui appartient. Il a su mettre à profit une «fenêtre d'opportunité» ouverte au Proche-Orient pour y lancer depuis Aqaba une nouvelle sonde en quête de l'introuvable paix entre Israéliens et Palestiniens. Son offensive pacifiste n'est pas plus assurée d'atteindre son but que ne l'était son offensive guerrière contre l'Irak. Dans un cas comme dans l'autre, seul le long terme permettra de juger si sa stratégie était folie, ou génie.
Le renversement de Saddam Hussein et l'installation des forces américaines au coeur de la région y ont redistribué les cartes stratégiques. Israéliens et Palestiniens sont également las et écoeurés de 32 mois de violences, de larmes et de sang, qui ont fait plus de 3 000 morts, sans oublier une crise économique qui les appauvrit. Ils ont pu se convaincre, les uns de l'échec de leur Intifada armée, les autres de la vanité d'une solution purement militaire au terrorisme. Abbas condamne les attentats anti-israéliens, Sharon reconnaît l'impossibilité d'une occupation à long terme des territoires.
Pour Bush, la relance du dialogue israélo-palestinien est un impératif stratégique. Il lui faut apaiser la rage antiaméricaine dans le monde arabe et gommer sa réputation de fou de la gâchette auprès de la plupart de ses alliés et partenaires. De plus, la présidentielle de 2004 se jouera pour partie sur la politique étrangère. Du succès, ou de l'échec, de la reconstruction de l'Irak et de la mise en oeuvre de la «feuille de route» ver