Où est passé le casus belli, l'arsenal d'armes de destruction massive de Saddam Hussein qu'il importait de détruire avant qu'il ne soit trop tard ? Malgré plusieurs semaines de recherche, et plus de 230 sites suspects fouillés, aucune arme n'a été trouvée en Irak. Aujourd'hui, les langues se délient. «Il y avait une prédisposition de cette administration à assumer le pire sur Saddam», explique au magazine Time un haut gradé du Pentagone, qui a démissionné lorsqu'il s'est rendu compte que la guerre reposerait sur «des renseignements nuls». Un autre responsable, travaillant pour les services de renseignement du Pentagone, affirme de son côté : «Rumsfeld déformait profondément les renseignements, presque de manière pathologique.»
Informations ambiguës. Parler de «complot», de «mensonges sciemment ourdis» est probablement très exagéré. Et il est trop tôt pour exclure que des armes biologiques ou chimiques puissent être trouvées en Irak. En revanche, il est très clair que, pour bâtir leur dossier à charge contre Saddam, les gouvernements américain et britannique ne se sont pas embarrassés de scrupules. Ils ont renoncé aux traditionnelles règles «scientifiques» des services de contre-espionnage, qui tiennent compte de renseignements contradictoires, écartent les informations ambiguës, vérifient leurs sources, etc. Le Pentagone a joué un rôle moteur dans la construction de ce dossier fragile. Un nouveau service de renseignement, l'Office of Special Plans, y avait été créé après le 1