Londres, Washington
de nos correspondants
Tony Blair a les traits tirés, la mâchoire cris pée : sur la couverture de son édition européenne, l'hebdomadaire The Economist joint à la photo un titre dévastateur : «Bliar ?» Deux voyelles inversées pour que Blair devienne «liar», «le menteur». A Londres, la polémique sur l'introuvable arsenal irakien menace de transformer la victoire militaire en crise politique. Les accusations se multiplient. «Il nous a embobinés d'un bout à l'autre», a lancé la semaine dernière, Clare Short, qui, il y a encore un mois, était une des principales figures du gouvernement Blair.
Aux Etats-Unis, l'affaire n'a pas encore dégénéré en scandale mais elle suscite de nombreux débats sur le rôle et les faiblesses des services de renseignement. Des espions déclarent avoir été manipulés par l'administration Bush. Hans Blix, chef des experts de l'ONU, qui vient de présenter son dernier rapport à New York, réitère son scepticisme sur la réalité de la «menace» irakienne. «On s'interroge sur l'importance réelle de cette question des armes», a-t-il avoué à la BBC. A Londres, sous la pression des députés, Blair a diligenté deux enquêtes, mais internes. A Washington, des commissions du Congrès, dont celle du renseignement du Sénat, ont lancé une série d'auditions. Donald Rums feld, le secrétaire à la Défense, a dû y défendre jeudi la «bonne qualité» de ses renseignements.
Blair et Bush se déclarent toujours convaincus que l'existence d'armes de destruction massive ira