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Libération
Éditorial

Décrédibilisés

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publié le 7 juin 2003 à 23h18

En temps de guerre, la vérité est une des premières victimes. Les dirigeants ont, de tout temps, eu recours au mensonge pour remonter le moral des troupes, tromper l'adversaire, ou balayer des questions dérangeantes. Seuls les naïfs, ou les hypocrites, s'étonneront donc de voir confirmé, deux mois après la chute de Bagdad, que les raisons invoquées par Bush et Blair pour faire la guerre à l'Irak relevaient au mieux de jugements contestables à partir d'informations mal fondées, au pire de mensonges d'état.

Bush et Blair n'ont jamais invoqué la volonté de libérer le peuple irakien de la tyrannie sanglante de Saddam, ni celle de créer les conditions d'une paix au Moyen-Orient. Il s'agissait avant tout de détruire la menace imminente de ces armes de destruction massive aux mains d'une dictature agressive, soi-disant liée, qui plus est, au terrorisme international. L'argument a porté auprès des opinions américaine et britannique, à défaut du reste du monde.

Il n'était pas fondé. La menace irakienne n'était ni pressante ni imminente. Peut-être était-elle même plus virtuelle que réelle, construite à partir d'informations erronées, incertaines ou peu fiables de plus surinterprétées, voire manipulées en fonction des impératifs politiques de l'après 11 septembre. Le coupable avait été désigné , restait à lui faire endosser le crime... Mais les agents de la CIA, comme l'a rappelé leur patron, «ne sont pas Tom Cruise». Ils travaillent dans l'ombre du doute, aux marges du vérifiable, et li