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Libération

La colère des espions

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Les services décrédibilisés par la manipulation des renseignements.
publié le 7 juin 2003 à 23h18

Les services de renseignements américains et britanniques sont furieux. Au sein de la CIA «c'est une demi-révolte», dit un proche de la Company, surnom de l'agence. Dans une lettre ouverte à Bush, des anciens de la CIA écrivent : «Il y a une crise de confiance et un cynisme grandissant dans la profession au sujet des informations avancées par vous et vos principaux conseillers pour justifier la guerre.» D'autres, cités par le Washington Post, accusent le vice-président Cheney d'avoir multiplié les visites au siège de la CIA pour y exercer des pressions dans un sens favorable aux «va-t-en guerre».

Source unique. A Londres, où le Parlement s'est saisi de l'affaire, les responsables du MI6 et du MI5 ont exigé de Blair qu'il s'engage à ne plus renouveler ce genre de manipulation. En septembre 2002, les deux services s'étaient opposés à la publication d'un document sur la menace irakienne, estimant que les informations alarmistes qu'il contenait provenaient d'une source unique et pas forcément fiable. Si les espions sont si en colère, c'est que leur crédibilité est en jeu. Or la seule chose qu'un service de renseignements peut vendre, c'est justement la crédibilité de ses informations.

«On ne peut pas dire qu'ils ont été pris en défaut, comme pour le 11 septembre», explique Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement. «Dans les services, personne n'a jamais dit avec certitude qu'il y avait des armes de destruction massive en Irak. Mais c'est ce que l