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Libération
Éditorial

Révélateur.

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publié le 9 juin 2003 à 23h18

Les héros de mythologies n'ont cure des soubresauts de l'Histoire. Ils en sont pourtant les échos, magnifiés et déformés par la puissance de nos rêves collectifs. La «Johnny Company» ne souffrira sans doute pas des remous qui agitent la France pour cause de réforme des retraites. Mais il n'est pas tout à fait fortuit que l'«idole des jeunes», devenue l'idole des Français de 7 à 77 ans, célèbre à grands coups de baffles et de riffs, dans des stades pleins à craquer, son 60e anniversaire, au moment même où bon nombre de ses fans défilent dans les rues du pays pour défendre ce qu'ils estiment être leur droit à prendre leur retraite à 60 ans.

Si Johnny est devenu un monument historique de chair et de sons au coeur du patrimoine culturel français, c'est parce qu'il a su s'adapter à tous les changements, évolutions et modes qui ont traversé la France depuis un demi-siècle, recyclant et «francisant» à l'usage du grand public des influences venues d'outre-Atlantique. D'abord ersatz d'un mode de vie américain plus rêvé que réel, il est devenu un ambassadeur décoré et adulé de l'exception culturelle, parfaitement inconnu hors des frontières étroites de la francophonie.

Mais l'ingrédient le plus important du mythe Hallyday est sa longévité. Il n'est pas le seul papy-rocker à «mettre le feu» ­ Mick Jagger, Paul McCartney, Bob Dylan, David Bowie et autres Lou Reed continuent eux aussi à tourner et sortir des albums qu'achètent plusieurs générations de fans. On peut lire dans cette apparent