Peggy pleure. Sandra, un peu. Dédé fixe le sol et Rida le Tunisien, rentré de Carthage lundi, «parce qu'il ne pouvait pas ne pas être là pour la grève», se tient la tête entre les mains. Ils ont huit jours de grève successifs dans les pattes, et la mine défaite devant l'AG qui affiche moins de soixante cheminots. Le plus bas total depuis mardi 3 et le lancement de la grève reconductible. Peggy, 25 ans : «Les cheminots que tu croises, ils te disent d'aller au conflit, mais, eux, ils n'y vont pas ! Pourtant, en face, on a un vrai gouvernement de droite, bien pourri. Je sais plus où j'en suis.» Avant-hier, au cours de l'AG, Laurent, le cégétiste marseillais, avait improvisé une intervention et chassé le cafard qui pointait (Libération d'hier). Mais, hier, alors que le texte Fillon est dans les mains des députés, que la menace des enseignants sur le bac serait en partie levée, que les troupes «cheminotes» se dégarnissent et que le privé n'embraye pas, Laurent n'a pas su trouver les mots de la veille. Ni l'humour, ni l'entrain.
Voiler. «Aujourd'hui, des copains ont repris le boulot, a expliqué Jean, responsable CGT. Le niveau de conscience a grimpé, mais on bute sur un problème : les gens sont contre le plan Fillon, mais ils sont incapables de prendre leur destin en main.» Un agent de la RATP a pris la parole pour «donner la température dans les métros». Plutôt tiède à l'en croire : «C'est pas bon. Aujourd'hui, sur la ligne 4, on était quatre grévistes. ça se casse lentement la gu