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Libération
Éditorial

Pourrissement

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publié le 12 juin 2003 à 23h21

Pour un slogan de fils de pub, Jean-Pierre Raffarin a fait du débat sur la réforme des retraites un médiocre théâtre. Après les pitreries chorales communisto-uèmepiennes, on voudrait conforter les citoyens dans leurs préjugés sur les politiques qu'on ne s'y prendrait pas autrement. De toute façon, ce n'était pas la réponse la plus convaincante à fournir aux manifestants qui s'étaient déplacés mardi à portée de voix de l'Assemblée nationale où s'ouvrait l'examen du projet de loi sur les retraites. Comme si, finalement, tout était joué aux yeux du gouvernement et de la gauche. Le premier trouvant dans la chasse aux socialistes une façon commode de ressouder sa meute autour d'un texte devenu quasi inamendable. La seconde surfant sur une vague de protestation sociale, certes sur le reflux, mais qu'elle veut croire porteuse de succès électoraux futurs.

Tout le contraire d'une démocratie durable où le gouvernement aurait à coeur de chercher les voies du plus large consensus pour pérenniser une réforme appelée à produire des effets sur plusieurs générations, tandis que les socialistes, censés gouverner à leur tour un jour, chercheraient à améliorer le texte proposé sur des points pouvant faire compromis plutôt qu'à entretenir l'illusion d'une alternative globale qu'ils seraient bien en peine de mettre en oeuvre le moment venu. Il y a suffisamment de blancs dans le projet de loi Raffarin-Fillon pour le compléter sans remettre en cause ce qui fut déjà concédé à la CFDT, à la CGC et de