«L'esprit de mai» n'aura guère soufflé plus d'un an. En accusant ses adversaires de préférer leur «parti à leur patrie», un argument ressassé depuis des décennies par une certaine droite, Jean-Pierre Raffarin a levé le voile sur un aspect de sa personnalité, beaucoup moins bonhomme qu'il n'y paraît. Et ce, alors que ses réformes font l'objet d'un vif mécontentement dans le pays et que la droite et la gauche s'affrontent à l'Assemblée nationale au sujet des retraites.
Montrer ses muscles. Choisi l'année dernière par un Jacques Chirac réélu avec 82 % des voix, dont celles de la gauche, Jean-Pierre Raffarin était censé incarner un nouveau type d'homme politique, à la fois proche des préoccupations des Français et adepte de la non-polémique. Pendant un temps, l'ancien élu de Démocratie libérale la formation d'Alain Madelin, qui accueillait les partisans d'accords avec le Front national a joué le jeu du bon chef consensuel. Il a aujourd'hui d'autres préoccupations. N'ayant jamais présidé de parti, il doit montrer ses muscles aux militants et aux élus de sa majorité. Surtout face à un Nicolas Sarkozy chouchou des députés et vedette des salles UMP. En rentrant de son meeting à Asnières mardi soir, le Premier ministre a senti qu'il était allé trop loin. «C'était un peu fort, non ?», a-t-il demandé à ses proches, qui ont rapidement admis que leur patron avait «mis le feu pour pas grand-chose». Mais, s'il y a là erreur de communication, il n'y a pas gaffe. La phrase lancée par Raff