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Libération

Sur la Canebière, 15 000 ou 200 000 ?

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Entre syndicats et police, le décompte varie de un à dix.
publié le 12 juin 2003 à 23h21

Mardi matin, à Marseille, ils étaient «au moins 200 000» selon les syndicats, mais pas plus de 15 000 selon la police, à manifester. Du côté du Vieux-Port, les décomptes de manif peuvent ainsi varier du simple au décuple, ce qui fait dire à un syndicaliste, sous couvert d'anonymat : «Organisateurs et police, tout le monde ment.» Charles Hoareau (CGT) se paye régulièrement la tête des flics en affirmant qu'ils ne comptent... «que les chauves». Officiellement, pourtant, chaque camp soutient agir scientifiquement. Les policiers prétendent compter scrupuleusement : combien par rang, combien de rangs, je multiplie le tout... et j'en retranche un bon paquet ? Côté syndical, l'unité de comptage, à Marseille, c'est une Canebière : quand elle est pleine, ça fait tant. Mais tant, c'est combien au canebièromètre ? Déjà là, ça diverge. 15 000 pour les uns, 25 000 pour les autres. C'est fonction du degré de compactage. Pour mettre tout le monde d'accord, les syndicalistes rêvaient de remplir le Vélodrome : il y a 60 000 places, on aurait su, alors. Mais le maire a refusé de donner le stade pour le meeting d'aujourd'hui. Résultat, on reste dans la panade.

Au ministère de l'Intérieur, on assure que les comptages de la police sont parfaitement sérieux et certainement plus crédibles que les «évaluations syndicales» : les fonctionnaires comptent les rangs de manifestants. Ils recoupent leurs chiffres et les comparent à ceux qui résultent de l'observation par hélicoptère, d'où l'on peut estimer