«Evidemment, on n'a pas gagné.» Henri en est persuadé. Après des semaines et des semaines de grève, ce professeur d'histoire-géo d'un collège de Sarcelles (Val-d'Oise) dresse un bilan au goût amer. «Non, on n'a pas obtenu grand-chose.» Il pense au transfert vers les régions des 90 000 agents techniques et d'entretien les TOS maintenus dans le projet de décentralisation. «On se battait pour eux aussi.» Et pas seulement pour garder les médecins scolaires, les assistantes sociales et les conseillers d'orientation-psychologues dans les établissements. Là, les enseignants ont remporté une vraie victoire, qu'ils ont tendance à minimiser aujourd'hui. Claudine, prof de sciences physiques dans un lycée parisien, résume : «Avec le transfert des TOS, le démantèlement de l'école est bien en marche. Ce sont les services les plus faciles à privatiser. Et sur les retraites, il n'y a aucun recul. Non, sérieusement, on ne peut pas parler de victoire.» Mais tout n'est pas noir pour autant. Les plus âgés, surtout, en sortent ragaillardis. «Ce qui est très fort, c'est que pendant toutes ces semaines, on s'est retrouvés à discuter entre nous au-delà des clivages politiques classiques, des luttes de clans. Les échanges d'idées étaient passionnants», se félicite Michel, 55 ans, qui enseigne les lettres classiques au collège. «Ce qui m'a le plus frappé dans ce mouvement, c'est l'attitude des jeunes profs, poursuit Henri, 58 ans, dont vingt-six passés dans son même collège de Sarcelles. Beaucoup
Les deux mois qui ont remué les profs
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publié le 18 juin 2003 à 23h25
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