Menu
Libération
Éditorial

Défiance

Article réservé aux abonnés
publié le 19 juin 2003 à 23h26

Ce serait illusion de croire que l'arrêt rendu, hier, par la Cour de cassation signe la fin du scandale du sang contaminé. C'est l'inverse qui est vrai : la décision de la juridiction suprême l'empêchera à jamais de devenir une affaire réglée. Pour en tirer toutes les leçons, il eût fallu que la justice n'épargne aucune responsabilité. Parce qu'elle s'arrête en route, elle donne le sentiment d'avoir voulu sortir certains de la chaîne. C'est le pire qui pouvait arriver. Car il est étrange de juger les politiques, d'en condamner même certains et de laisser croire à l'opinion qu'ils étaient les seuls responsables et coupables avec quatre autres personnes, dont le docteur Garretta. Comme si, en ces domaines comme dans d'autres, les conseillers n'avaient pas leur part dans les décisions par le savoir qui légitime leur fonction, comme si l'administration, elle-même, n'avait pas un rôle d'assistance publique, au sens propre du terme. La justice a toutes les bonnes raisons juridiques pour justifier sa décision. Elle a même les mauvaises puisque l'avocate générale de la Cour de cassation en personne n'a pas hésité à démolir le travail de la cour d'appel de Paris en brocardant un arrêt «indigne de l'institution judiciaire» et une «insoutenable légèreté» des magistrats. Mais il n'empêche que la juridiction suprême n'a pas rendu service à la société française. Car, dans la longue liste des causes qui sont à l'origine de la profonde crise de confiance qui secoue la démocratie de notre pa