D'abord des hurlements. Ensuite une fumée très noire, âcre, qui avance vite, des flammes et puis l'effroi. Il est 13 heures, hier, sous le métro aérien Bir-Hakeim. A quelques mètres de l'entrée de la DST, une femme de 38 ans est en train de brûler. Depuis la veille au soir, une centaine de manifestants, sympathisants de l'Organisation des moudjahidin du peuple iranien (OMPI), se tiennent devant les fenêtres du café de la tour Eiffel. Ils protestent contre le coup de filet spectaculaire (Libération d'hier) opéré mardi contre le siège de leur mouvement à Auvers-sur-Oise, à l'initiative du juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière. La police française a interpellé 165 personnes de l'OMPI, accusée par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy de vouloir «installer sa base arrière en France».
Folie. Avant l'immolation, les manifestants scandaient des «Libérez, sans délai, Maryam Radjavi !», la dirigeante suprême du mouvement, en garde à vue dans les locaux de la DST. Tandis que Sedighieh Mohageri brûle, ils entrent dans une autre transe. Ils hurlent, se précipitent, pleurent et crient : «Honte !» Les CRS les repoussent, tentent de les maîtriser, brandissent la matraque, hurlent eux aussi et les plaquent à terre. Certains se ruent vers la femme en flammes. Quelques minutes plus tard, elle est prise en charge par les pompiers, brûlée au troisième degré. Son corps semble inerte, ses vêtements sont en lambeaux. En la voyant passer, des manifestants pleurent. Un père iranien laisse sa