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Libération

Pour la justice, l'affaire du sang n'a pas eu lieu

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Vingt ans après le début de la procédure, l'arrêt clôt définitivement le dossier du sang contaminé.
publié le 19 juin 2003 à 23h26

Un peu de brouhaha, un public nombreux dans cette salle d'ordinaire déserte de la chambre criminelle de la Cour de cassation. Puis le silence, inquiet, qui s'installe. Il est 14 heures, le président entreprend de lire l'énième arrêt de la Cour de cassation sur l'affaire du sang contaminé, qui date de 1985. L'énième, et le dernier, qui signe un grand moment d'incohérence de la machine judiciaire. Sa voix est par moments étouffée, inaudible. Le résultat tombe. Non-lieu pour ceux qui étaient poursuivis pour empoisonnement et complicité, non-lieu pour ceux qui étaient poursuivis pour homicides ou blessures involontaires, non-lieu pour ceux qui se voyaient reprocher une non-assistance à personne en danger... L'arrêt rendu par la cour d'appel de Paris le 4 juillet 2002, jugé «indigne de l'institution judiciaire» par l'avocate générale de la Cour de cassation voici moins de dix jours, a retrouvé talent, noblesse et autorité. Au lieu de casser et d'exiger davantage de motivation et de rigueur, la cour a choisi le confort. Pour éviter les assises aux acteurs de l'affaire du sang, elle a validé hier cet arrêt qui prononçait un non-lieu général. L'affaire du sang contaminé est finie.

Indignation. Un imperceptible flottement suit les derniers mots du président. Les familles de victimes, parents d'hémophiles ou de transfusés décédés, parents d'enfants malades, encaissent. Puis les cris fusent : «Vous êtes des lâches, des vendus», «C'est une justice de classe !» Les gendarmes mettent de l'