On a beau fouiller dans les archives, on ne trouve pas de précédent, au moins depuis la fin de la guerre d'Algérie, d'un dirigeant syndical d'envergure nationale jeté en prison pour des faits de syndicalisme. José Bové est en effet porte-parole d'un syndicat très représentatif, la Confédération paysanne, puisque celle-ci a obtenu aux dernières élections professionnelles 28 % des suffrages, derrière la puissante FNSEA. A son cas, il faut joindre celui de René Riesel, condamné pour les mêmes faits, et à l'époque secrétaire national de la Confédération. Ces deux exemples sont d'autant plus significatifs que la loi d'amnistie de juillet 2002 les a politiquement préparés. Pour la première fois depuis 1981, le Parlement avait en effet exclu du «pardon national» les «violences en réunion» commises à l'occasion d'un mouvement social ou à caractère syndical. Un geste qui visait expressément José Bové et ses amis, ainsi qu'un militant CGT de Cherbourg, Alain Hébert, condamné pour violence lors d'une manifestation. C'est sans doute ce qui explique le soutien exprimé hier par des syndicats comme la CGT et la FSU, pour qui «la place d'un dirigeant syndical n'est pas en prison».
«Deux poids, deux mesures». La majorité a ainsi brisé un tabou qui voulait qu'on ne cherche pas trop noise aux acteurs du dialogue social, qu'ils soient paysans, pêcheurs ou salariés. C'est ainsi que les dirigeants de la FNSEA n'ont jamais été inquiétés, alors que leurs adhérents ont à leur actif des coups de main