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Libération

Après l'« apaisement », l'artillerie lourde

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L'Elysée et Matignon se partagent les rôles entre ouverture et fermeté.
publié le 24 juin 2003 à 23h31

Où sont passées les bonnes intentions de la semaine dernière ? Après une longue séquence de manifestations et de grèves, Jean-Pierre Raffarin promettait l'«apaisement social». «Je souhaite vraiment que l'on puisse apaiser les tensions», expliquait-il dans une interview au Monde. Quelques jours auparavant, Jacques Chirac tenait le même type de discours en garantissant qu'il n'y aurait «ni vainqueur, ni vaincu» à l'issue du conflit qui a opposé une partie des Français au gouvernement. Maintenant que les fonctionnaires ont repris le travail, ce ton n'est, semble-t-il, plus de mise. José Bové jeté en prison par la manière forte, les sans-papiers expulsés brutalement de la Maison des ensembles ­ un immeuble de la Ville de Paris squatté depuis décembre 1996 par une trentaine d'associations ­, l'exécutif ne se montre pas tendre à l'égard des protestataires de tout poil.

Gros bras. Une dureté assumée. Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, a estimé hier matin que l'incarcération, la veille, du leader syndical ne constituait en rien un scandale. «Quel est le problème, où est le scandale ? Ce qui serait illégal serait qu'un gouvernement n'exécute pas une décision prononcée par un juge, a-t-il dit sur France Inter. Parce qu'on s'appelle José Bové, qui parle parfaitement anglais et que les médias aiment beaucoup, faut-il qu'un gouvernement refuse d'appliquer une décision de justice ?» Nicolas Sarkozy a un double intérêt à sortir ses gros bras. Après avoir joué la carte du «gentil»