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Libération
Éditorial

Intolérance

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publié le 24 juin 2003 à 23h31

Nicolas Sarkozy est l'un des premiers à avoir théorisé, il y a longtemps, l'idée que la France se porterait mieux si elle avait une droite de droite. Et le fait est qu'en Europe, là où a existé une Thatcher, l'extrême droite a été privée d'oxygène et n'a jamais pu prospérer. Alors, depuis son arrivée à la place Beauvau, le ministre s'affaire à incarner une droite d'autorité, ce qui lui vaut d'être devenu la personnalité la plus populaire de l'équipe Raffarin. Son succès a confirmé les stratèges de la majorité dans leur idée que les Français en état d'insécurité globale ont un besoin d'ordre et que le gouvernement gagnerait à se sarkozyser davantage pour être plus en phase avec eux. D'où la tentation autoritaire qui est en train de saisir la droite et qui la porte à débattre de l'extension du champ de la tolérance zéro. Hier réservé à la petite délinquance, ce champ-là ne cesse de grossir : fin de la tolérance pour le paiement des jours de grève des fonctionnaires et tentation de mettre en place un service minimum dans les services publics ; fin de la tolérance pour les sans-papiers et pour ceux qui aident les immigrés en situation irrégulière ; fin de la tolérance pour le dirigeant syndical Bové qui est emmené en prison comme un caïd du milieu ; tentation d'une nouvelle loi pour prohiber la tolérance du port du voile à l'école, etc. Cette tolérance zéro que le gouvernement déploie tous azimuts (sauf là où cohabitent parfois impunité présidentielle, «patrons voyous» et abus d