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Libération
Éditorial

Détonant

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publié le 26 juin 2003 à 23h33

Ils ont gagné la guerre, mais plus que jamais sont menacés de perdre la paix. Et même la vie. A la lassitude d'être loin de chez eux s'ajoute désormais la peur. Cette mauvaise conseillère qui peut conduire au pire et transmuer rapidement des «forces de libération» américano-britanniques en d'impopulaires forces de répression. Les Irakiens, s'il faut en croire d'improbables sondages, demeurent favorables à la présence des troupes de la coalition. L'impatience et l'irritation progressent pourtant à Bagdad et au-delà. Les conditions de vie du plus grand nombre restent précaires ; d'ex-baassistes n'ont pas renoncé à résister, comme le montrent les sabotages qui s'accélèrent contre le nerf de l'après-guerre, les installations pétrolières... Autant de facteurs qui, ajoutés à la maladresse provocante des soldats étrangers qui méconnaissent les réalités locales, forment un cocktail détonant. La situation est «grave», a admis hier Tony Blair. «Le gendarme du monde» a un problème, en effet. Il a gagné la guerre, mais n'a personne à qui confier le relais, forcément politique. Et pas de Nations unies pour l'aider à trouver une alternative à Saddam. Paul Bremer, l'administrateur américain en Irak, l'a compris, qui en est à composer un Conseil politique qui lui-même préparera une nouvelle Constitution, préalable à des élections et à la formation d'un gouvernement. Un processus long. Que les Etats-Unis ne peuvent bâcler. Parce que l'Irak n'est pas l'Afghanistan tribal. Et que l'anarchie qu