Bagdad envoyé spécial
Des tirs ou des attaques visent quotidiennement les forces américaines, mais l'écrasante majorité des Irakiens, à 80 % selon des sondages, reste favorable à la présence de la coalition, perçue comme «un moindre mal». Les incidents restent très localisés quelques-uns à Bagdad, mais surtout dans les zones sunnites, notamment au nord-ouest, où le régime recrutait l'essentiel de ses cadres et nombre d'exécuteurs de ses basses oeuvres. L'engrenage de la répression, les perquisitions et les arrestations risquent d'entraîner un rejet croissant de l'occupation dans la population. Encouragés par l'incertitude sur le sort de Saddam Hussein et de ses deux fils, c'est là-dessus que misent les partisans du défunt régime : la grogne monte à cause de l'insécurité, des coupures d'électricité et des problèmes d'approvisionnement en essence.
Virulence. Chaque jour, des manifestations parcourent les avenues de la capitale, saisie par l'ivresse d'une liberté toute neuve. Et dans chacun des cortèges, les protestataires, outre leurs revendications spécifiques, clament leur exigence d'un gouvernement «national» afin que «les Irakiens puissent se gouverner eux-mêmes». Les politiques martèlent le même message. «Le peuple irakien est capable de bâtir lui-même le nouvel Irak», affirmait dès son retour d'exil l'ayatollah Mohammed Baqer Hakim, le guide de l'Asrii (Assemblée suprême de la révolution islamique irakienne), l'une des principales forces politiques des chiites. Même les