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Libération

Chantage et triche à la télé.

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L'audiovisuel emploie un tiers des intermittents.
publié le 30 juin 2003 à 23h35

Dans la production télé, le deal est toujours le même : «Tu travailles tout le mois mais on ne te déclare que quinze jours», témoigne une documentaliste. A prendre ou à laisser. Les quinze jours restants seront payés par les Assedic. Au bout du compte, l'intermittent ­ décorateur, monteur, cameraman... ­ aura fait assez d'heures pour toucher les Assedic. La société de production, elle, bénéficie d'un salarié à plein temps qu'elle ne rémunère qu'à mi-temps . «Si jamais on a le malheur de dire qu'on creuse le trou de l'Unedic avec ce genre de pratiques, rapporte un cameraman employé dans une grosse boîte de prod', c'est la porte et il y en a plein qui attendent derrière.»

A la télé, et plus généralement dans l'audiovisuel, ce type de situation est devenu la norme. L'Inspection générale des affaires sociales et la Cour des comptes ont pointé, dans deux rapports, les «comportements frauduleux» régnant dans ce secteur (qui emploie un tiers des intermittents du spectacle) et «fondés sur la connivence entre employeurs et salariés». Connivence ? Plutôt «marche et tu atteindras tes 507 heures, ou crève». Un chantage issu du dumping frénétique auquel se livrent les sociétés de production et leurs prestataires pour décrocher un contrat. Certains intermittents tempèrent cependant : «Il n'y a pas qu'Endemol sur le marché de la télé, il y a aussi des petites boîtes qui n'ont pas les moyens de faire autrement que de gruger sur le salaire des intermittents.» Le schéma est simple : les chaîne