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Libération
Éditorial

Désarroi.

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publié le 30 juin 2003 à 23h35

La précarité a toujours été le lot des artistes et des travailleurs de la culture. Jusqu'ici, cette précarité était un tant soit peu organisée, à travers un système particulier d'indemnisation du chômage, le plus souvent récurrent et forcé dans ces métiers. Ce qui faisait de la France un des rares pays à protéger autant le monde de la création artistique. La loi sur le prix unique du livre ou le système de financement du cinéma sont d'autres exemples de cette politique culturelle favorisant une diversité très enviée à l'étranger. Ce système est aujourd'hui en partie remis en cause, parce que trop déficitaire. Si apurer les comptes est une bonne idée, épurer la création du même coup en est une mauvaise. Car ce qui inquiète aujourd'hui, c'est que la réduction des indemnités-chômage des intermittents s'inscrit dans un contexte général de baisse des budgets de la culture. A de rares exceptions près, le monde du spectacle et de la culture n'est pas la sinécure que dénoncent ses contempteurs, par ignorance ou poujadisme anti-intellectuel. Le Medef, par exemple, devrait mieux se renseigner : réaliser un film, monter un spectacle, ce sont des heures, des jours, des semaines de préparation, d'attente, de négociations, de recherche de fonds, tout un temps de travail intense et souvent épuisant. Considérer que ce temps, jamais ou très peu pris en compte dans la rémunération des artistes et des techniciens, mérite un minimum de protection sociale, n'a rien en soi de scandaleux. Le scand