Spécialiste de l’Italie, Marc Lazar, professeur à l’Institut d’études politiques de Paris, (1) répond aux questions de Libération sur la spécificité du chef du gouvernement italien.
Berlusconi est arrivé au pouvoir sans susciter beaucoup de polémiques, à la différence de l'Autrichien Wolfgang Schüssel, allié au leader d'extrême droite Jörg Haider. Pourtant, il gouverne avec le très xénophobe leader de la Ligue du Nord et, de surcroît, il a de nombreuses casseroles judiciaires. Comment expliquer cette différence ?
Si la victoire électorale de Silvio Berlusconi en mai 2001 n'avait créé qu'assez peu de remous dans les autres capitales européennes, sa présidence de l'Union européenne en suscite davantage. Mais l'intensité de l'émotion est moindre que dans le cas autrichien. Silvio Berlusconi a en effet proclamé haut et fort qu'il ferait une politique européenne pendant ce semestre à la tête de l'UE. Toutes les capitales savent le rôle fondamental joué depuis le début par Rome dans la construction de la CEE puis de l'Union. Le sentiment pro-européen de l'opinion publique italienne reste, en outre, très élevé malgré un scepticisme croissant.
Les choix du gouvernement de Berlusconi ne traduisent-ils pas justement cette montée d'un euroscepticisme transalpin ?
Sa coalition est très divisée sur l'Europe. Il y a en son sein d'indéfectibles pro-européens historiques, notamment dans les petits partis de centre droit issus de la défunte démocratie chrétienne, et qui occupent des postes impor