Par une amère ironie, l'Union européenne devra boucler son projet constitutionnel sous la houlette de l'homme le moins recommandable pour une telle tâche. En cela, les faits qui valent ses ennuis judiciaires à Berlusconi importent moins que ceux qui s'étalent au grand jour. Le Premier ministre italien incarne le mélange incontrôlé de la finance et du pouvoir politique, la mise sous tutelle du pouvoir judiciaire par l'exécutif et l'abus de position médiatique dominante. Autant dire qu'il cumule trois des principaux défis qui menacent la légitimité d'une démocratie libérale.
Qu'un puissant baron médiatique puisse s'adjuger en même temps le principal rôle politique d'un pays est déjà une hérésie. A plus forte raison l'est-ce quand ce patron a imposé dans ses entreprises un modèle journalistique parfaitement servile et qu'il cherche à étendre celui-ci, grâce à son pouvoir politique, à la totalité de l'offre télévisuelle, par contamination des chaînes publiques. Berlusconi est un danger pour la liberté d'opinion.
Confronté à divers procès de droit commun, le Premier ministre italien ne se contente pas d'esquiver ses responsabilités, notamment en concoctant une immunité rétroactive curieusement contemporaine de celle que mitonne l'UMP à l'intention du président français. Il mène aussi une campagne agressive de dénigrement de la magistrature italienne. Berlusconi est un danger pour l'indépendance judiciaire.
L'influence des puissances d'argent sur les décisions politiques a toujours é