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Libération

«Nous sommes dans un monde où seul le visible paie»

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Daria Luppi, comédienne.
publié le 8 juillet 2003 à 23h44

Daria Luppi joue Sonia dans Platonov de Tchekhov, mis en scène par Eric Lacascade. Ce spectacle avait été créé l'été dernier dans la cour d'honneur du palais des Papes, il est à nouveau programmé cette année, à la même heure au même endroit. Pour cette reprise, Daria a été payée neuf «cachets» : quatre jours de répétition, cinq représentations. Depuis avril, ses 507 heures en poche grâce à Platonov, elle était inscrite au chômage, recevait entre 7 000 et 8 000 francs par mois (elle compte en francs). A ses yeux, cette somme la place parmi les «privilégiés» du système. Daria est Italienne. Elle a rencontré Eric Lacascade lors d'un stage à Voltera, il y a huit ans. Ebranlée par le travail de ce metteur en scène, elle l'a suivi en France où elle a découvert le système des intermittents.«En Italie, les acteurs n'ont pas de protection sociale, pas de statut spécifique comme ici, ils doivent trouver des petits jobs au noir ou se vendre sur un marché où le talent et le professionnalisme ne comptent pas. Si j'ai décidé de rester en France, c'est que je me suis rendu compte que la situation du théâtre en Italie était devenue catastrophique ­ à cause de cette absence de système protecteur. Ces derniers mois, j'étais au chômage. J'ai pu travailler sur des projets personnels et d'autres collectifs sans être payée parce que j'avais mon assurance chômage. Cependant, pour moi, être au chômage, c'est être assistée et je n'aime pas ça. Je veux que mon travail soit reconnu. Tout mon travail.