Robert Abirached, professeur d'histoire du théâtre et des politiques culturelles à l'université de Paris X, a été directeur du théâtre au ministère de la Culture, de 1982 à 1988.
Qu'est-ce qu'exprime la crise actuelle des intermittents ?
Le désespoir. Comme si tout avait été fait pour les mettre dans une situation inextricable. Cela fait quinze ans que ça traîne, et déjà, en 1995, l'Etat avait tenté de régler le problème juste avant l'été et cela avait pourri le Festival d'Avignon. 2003, rebelote, dans un contexte encore plus précaire, car s'est ajoutée une inquiétude encore plus forte liée au retour au pouvoir d'une droite plus dure, plus sûre d'elle, qui veut vraiment introduire du marché dans la culture ; se greffe aussi la sortie de la crise sociale du printemps qui transforme ce conflit partiel en une revanche quasi insurrectionnelle. On se demande parfois, en regardant cela, quel esprit malin a ouvert cette boîte de Pandore ? Il ne faut pas s'attendre à un déroulement raisonnable de cette crise.
Quels sont les problèmes les plus criants pour les intermittents ?
Il y a d'abord une chose qui traîne depuis dix ans, qui empire et gâche tout, ce sont les abus commis grâce aux failles de l'intermittence. Il y a les sociétés de production audiovisuelle, dont on parle beaucoup, mais pas seulement : il n'est pas normal que des démonstrateurs de grandes surfaces soient intermittents, ni des hôtesses d'accueil. L'intermittence est devenue au fil des ans une vache à lait dont beaucoup