«On a vraiment du mal à croire que la baisse de la TVA dans la restauration va se traduire par de fortes augmentations de salaires. Notre profession est passéiste et dure à la négociation. Il a fallu dix ans pour obtenir une convention collective, deux ans pour un accord 35 heures qui, en définitive, a été annulé grâce à l'intervention du gouvernement Raffarin. On est donc au point mort. Les patrons n'accorderont aucune augmentation, sauf une minorité qui jouera le jeu, en embauchant et en relevant les salaires. Les autres utiliseront l'argent pour, par exemple, mettre aux normes européennes leurs installations.
Aujourd'hui, travailler dans la restauration, cela signifie gagner 1 000 euros par mois pour 41 heures par semaine, des heures supplémentaires peu ou pas payées et des soirées ou des dimanches travaillés. Voilà pourquoi on n'arrive pas à embaucher. 80 000 emplois sont à pourvoir. Les écoles hôtelières n'arrivent pas à remplir leurs promotions, les restaurants à ouvrir. Les patrons ne veulent pas entendre parler d'équilibre de vie pour eux, il est normal de travailler le dimanche ou le soir sans compensation , alors que c'est une préoccupation forte chez les jeunes.
Cette baisse de la TVA est donc un cadeau fiscal accordé à une profession qui fait un sacré lobbying auprès du gouvernement et de l'Union européenne. Elle obtient tout ce qu'elle veut : l'accord 35 heures a été dénoncé et la TVA est diminuée. Il aurait fallu assortir cette baisse d'un minimum d'exigences