C'est une liste de 84 médicaments déremboursés qui coûte très cher à Marie-José Plotkine. Quatre des médicaments vendus par sa société sont sur la liste noire. Ils représentent environ 30 % de son chiffre d'affaires annuel (15 millions d'euros), indique la patronne d'Elerté. «Ça va être grave pour nous, dit-elle, on fera des économies sur tout, il y aura moins de boulot et moins d'emplois. Et tout ça pour économiser quoi ? Ils feraient mieux d'aller faire le ménage dans les hôpitaux.» Une sale nouvelle pour la centaine de salariés qui dépendent de sa petite entreprise familiale d'Aubervilliers, créée en 1948.
Jusque-là, la galaxie nationale très éclatée de la pharmacie, des plus petites officines aux filiales de multinationales, se satisfaisait plutôt bien de la politique du médicament à la française. Les remboursements étaient attribués sans trop se préoccuper des avantages thérapeutiques des molécules. Une dérive que la Cour des comptes a pointée en 1998, évoquant «une procédure d'admission au remboursement sans sélectivité». L'Etat usait du prix des médicaments et des taux de remboursements comme «d'instruments de politique industrielle et d'aménagement du territoire, voire comme aide au maintien de l'emploi, au détriment de l'assurance maladie», écrivait encore la Cour des comptes.
«Nouveaux modèles.» Le grand ménage dans la pharmacopée a longtemps traîné, les gouvernements renâclant à prendre de front les labos. C'est Martine Aubry, suivie aujourd'hui par Jean-François Ma