Le cadavre de David Kelly tombe à pic pour enflammer les imaginations mais, même au pays de John Le Carré, il vaut mieux éviter de bâtir un roman là-dessus. Il suffit de savoir que, ministres ou conseillers, des proches de Blair ont accablé Kelly dans leur tentative de protéger leur chef des soupçons portant sur les justifications de son engagement militaire en Irak. L'argument massue en faveur de celui-ci les ADM aux mains de Saddam aurait été bidonné. Cette accusation ne rencontre autant d'écho que parce que l'après-guerre se révèle beaucoup plus compliquée pour la coalition américano-britannique que ne l'a été son intervention proprement dite. En cela, Blair est logé à la même enseigne que Bush, et la mort de Kelly n'y entre que comme un incident un redoutable incident tout de même car il peut être la fatale goutte qui fait déborder les cups of tea.
Les critiques que la politique de Blair avait rencontrées, notamment dans son propre parti, avaient été réduites au silence par la rapide dislocation du régime irakien. Pour que la statue de Saddam tombe aussi vite, il fallait bien que son socle ait été aussi pourri que Blair et Bush disaient qu'il l'était. Pour la grande majorité des Irakiens, ce printemps 2003 a bel et bien figuré une libération. Cela n'enlève rien au pouvoir de nuisance de la minorité des partisans de Saddam, surarmés, rompus aux actions secrètes et qui associent leur propre domination avec le nationalisme du parti Baas. Ils sont d'autant plus dangereu