Reprises de la façon la plus dépassionnée qui soit, les informations dont on peut disposer sur plusieurs affaires de viols, de violences et de meurtres survenues à Toulouse entre 1990 et 1992 montrent de graves dysfonctionnements de la justice et de la police. Les faits criminels eux-mêmes, si sordides soient-ils, confirment ce qu'on peut savoir de la morne brutalité des proxénètes et du calvaire de leurs victimes. Le plus grave est assurément que des responsables de l'ordre aient pu montrer de la complaisance, pis, de la complicité pour cette horreur presque ordinaire.
De telles affaires sont pernicieuses en ce qu'elles dissolvent le lien moral qui peut exister entre le peuple français et la justice, qui est censée être rendue en son nom. Les mêmes qui attendent beaucoup de celle-ci lui marchandent leur confiance, et le spectre d'une justice «de classe» hante encore ses palais. Les soupçons qui visent d'hypothétiques puissants pervers impunis trouvent rarement confirmation. Ils n'en demeurent pas moins, comme une eau sale prête à se débonder. Il faut faire avec, à Toulouse comme à Auxerre ou à Outreau.
Les instructions ouvertes par le parquet de Toulouse dans l'affaire Alègre doivent absolument faire la lumière, et le plus vite possible même si elles ont pour objet des faits vieux de plus de dix ans. C'est impératif non seulement, comme toujours, par respect pour les victimes mais aussi dans le propre intérêt de la justice et de la police. Car leur crédibilité risque de compt