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Libération
Reportage

L'Amérique en guerre se préfère casanière

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La France paye un sentiment patriotique exacerbé.
publié le 28 juillet 2003 à 0h22

New York intérim

«Ça fait trente-quatre ans que je vis aux Etats-Unis, et je n'ai jamais eu une aussi mauvaise saison.» Propriétaire de la plus ancienne agence de voyages pour la France de New York, la française Liliane Nash confie qu'elle ne dort plus la nuit : ses clients américains, qui représentent un gros pourcentage de ses revenus, se sont peu manifestés depuis le printemps. «D'habitude, le téléphone ne cesse pas de sonner... Villepin et Chirac m'ont gâché la saison !» Le ton est assuré, l'explication sans appel : les Américains ne nous aiment pas, alors pourquoi viendraient-ils en France ? «Lorsqu'ils lisaient les articles dans la presse américaine, les gens ici avaient l'impression qu'il y avait des manifestations contre les Américains en Europe, ils avaient peur de ne pas être bien reçus», explique Marion Forestier, de l'office du tourisme français à New York.

Bouderie. La querelle entre la France et les Etats-Unis n'est pas seule responsable de la désaffection de touristes américains. L'économie américaine est toujours dans le marasme, le chômage élevé. Et les prix des billets d'avion ont tendance à gonfler. «Les compagnies aériennes essayent de ramasser plus d'argent en été, parce que c'est le moment où les immigrés aux Etats-Unis veulent rentrer chez eux», explique Romain Rena, directeur de l'agence de voyages Jetset. L'euro, qui reste fort face au dollar, est également un facteur dissuasif. En deux ans, la monnaie européenne est passée de 0,83 à 1,15 dollar, soit