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Libération
Reportage

Au Libéria, des civils entre feu et faim

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Fuyant rebelles et miliciens, les déplacés affluent par dizaines de milliers dans la capitale, Monrovia.
publié le 29 juillet 2003 à 0h24

Monrovia envoyée spéciale

Une femme aux yeux exorbités, un bonnet de bain en plastique sur la tête, déboule sur la place du marché. «Vous demandez si on a de l'eau potable ?», hurle-t-elle en montrant le ciel nuageux, d'où tombe une pluie drue : «Notre problème, c'est le tcho tcho (la nourriture).» Elle se frotte frénétiquement le ventre et répète : «Il n'y a rien à manger.» Autour d'elle, les gens rient, un peu interloqués. A l'image de Monrovia, la capitale du Liberia, cette femme a l'air d'être devenue folle. Elle repart en courant. Quelques marchandes haussent les épaules. A leurs pieds, elles ont disposé en petits tas des racines de manioc : le prix de la botte a quadruplé depuis le début de la nouvelle offensive des rebelles du Lurd, il y a plus d'une semaine, contre le régime du président Charles Taylor. Les clients se font rares, les dizaines de milliers de personnes qui errent dans le centre-ville ont tout perdu.

A prix d'or. Le riz, la denrée de base au Liberia, est devenu presque introuvable. «Nous en avons cherché partout en ville, parce que nous en avons besoin pour nourrir nos patients, mais nous n'en avons trouvé qu'une quantité insignifiante», explique Catherine Goodman Johns, de l'ONG britannique Merlin. A Tubmanburg School, les déplacés fuyant les combats continuent d'affluer. Sous un préau, on vend des piments, quelques poissons de rivière. La farine de maïs distribuée par le Programme alimentaire mondial via les ONG locales s'arrache à prix d'or. «D'ici à u