La forêt des Maures, comme le maquis corse, est hautement inflammable. Si la forêt méridionale part si rapidement en torche, elle le doit à sa spécificité végétale, héritage de plus de six mille ans d'histoire. C'est en effet au néolithique que des paysans importent du Moyen-Orient la civilisation de la culture et l'élevage sur tout le pourtour méditerranéen. Les animaux broutent et les pâturages sont ensuite brûlés pour éliminer les plantes non comestibles. A cette époque, pour cultiver du blé, on défriche aussi par le feu, technique qui perdure en Corse.
D'où la destruction progressive de la «forêt originelle» composée, selon Michel Thinon, spécialiste de l'étude des charbons de bois au CNRS, d'espèces beaucoup moins combustibles : chênes caducifoliés comme le «chêne pubescent» dont le léger duvet sous la feuille freine la transpiration, érables de Montpellier, et dans les sous-bois, du houx et de l'if. Puis les paysans vont abandonner les pâturages et la culture des vignes et des oliviers en terrasses, qui tapissaient les fonds de vallée. La pinède s'étend. Dans les sous-bois prolifèrent cistes, thym, romarin et bruyères, qui se révèlent des buissons ardents. «En été, ce sont de véritables dépôts d'essence car ils sont hautement inflammables et perméables au vent», explique Michel Thinon.
Dans cette forêt de plus en plus sauvage et dense, («La région méditerranéenne est, en France, une de celles où les espaces boisés progressent le plus», note l'Institut français de l'envir