Suartone envoyé spécial
La famille de Laurette Ferracci a repris place sur la terrasse, entre maison et jardin. Mais l'arbre qui faisait de l'ombre n'est plus qu'une forme noire aux feuilles racornies. Lauriers-roses et bougainvilliers sont en deuil. Une âcre odeur rôde, tandis que le vent emporte des nuées de cendres qui piquent les yeux. «On s'est résolus à quitter le village vers 4 heures de l'après-midi. La route n'était plus qu'un rideau de feu, on ne pouvait qu'aller vers la mer. Le grand-père voulait rester pour sauver la maison. On l'a emmené de force.» Appuyé sur sa canne, Christophe, 79 ans, en rit encore, mais il reconnaît qu'ils «ont bien fait», car «de toute façon, les tuyaux d'arrosage ont fondu, comme les gouttières, regardez !» Des morceaux de plastique aux formes psychédéliques pendent du toit, mais la maison est intacte.
Evacuation par hélicos. Le feu a pris lundi après-midi le long de la nationale 198, entre Bonifacio et Porto-Vecchio (Corse-du-Sud). Il s'est d'abord attaqué au flanc ouest de la vallée. Puis à la faveur d'une saute de vent, il a franchi la route pour avaler le maquis vers le golfe de Rondinara. Mais entre la mer et la route nationale, niché dans un repli de monta-gne, il y a le village de Suartone. La plupart des 1 500 habitants se sont réfugiés sur la plage. Tandis que le feu s'approchait du rivage, des hélicoptères de l'armée ont commencé à évacuer la population. Des bateaux sont arrivés de Bonifacio, tandis que Suartone se retrouvait au m